Mitry-Mory ► [Vidéo] Lycée Honoré de Balzac : face aux conditions sanitaires, trente enseignants utilisent leur droit de retrait 

Trente enseignants du lycée Honoré de Balzac, à Mitry-Mory, utilisent leur droit de retrait face au manque de moyens de protection contre le coronavirus. Magjournal a rencontré les représentants, vendredi 6 novembre, tandis qu’une grève nationale est prévue pour aujourd’hui, mardi 10 novembre. 

A Balzac, le droit de retrait des enseignants a été décidé avant les vacances scolaires de la Toussaint et a été confirmé à la rentrée, lundi 2 novembre. Il en a résulté un communiqué dénonçant l’annonce par le gouvernement d’un protocole sanitaire renforcé « sans moyens supplémentaires ni aménagement pédagogique de cours en demi-groupes. »

Une pétition a été adressée à la Région Ile-de-France pour demander un renfort dans les équipes d’entretien et de restauration. Par manque d’effectif, les locaux ne sont nettoyés et désinfectés qu’une fois par jour. 

René Louis Nermod, professeur d’histoire-géographie, et Adrien Régis, professeur d’anglais, représentant le groupe des enseignants mécontents, dénoncent « le manque d’informations concrètes pour une reprise des cours dans le respect des nouvelles mesures sanitaires », ainsi que des annonces « tardives et contradictoires » concernant le temps d’échange entre élèves et professeurs et la minute de silence consacrée à leur collègueSamuel Paty. La communication « désordonnée » du gouvernement, exposant les enseignants à l’improvisation, est pour eux, « un manque de respect à la mémoire de leur collègue assassiné ». Depuis, le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, est revenu sur l’organisation de l’enseignement lors de son intervention télévisée du 4 novembre.

Les enseignants pourront organiser les cours en demi-groupe mais en conservant toutefois 50% d’enseignement en présentiel. Renaud Charasse, professeur en sciences économiques et sociales, membre du conseil d’administration du lycée, syndiqué au SNES (Syndicat national des enseignants du second degré), déclare : « Notre mobilisation ainsi que celle de beaucoup d’enseignants de France a fait réagir le gouvernement. Nous avons reçu un message du proviseur qui confirme le passage des cours en demi-effectifs à partir de lundi 9 novembre. Cela allège bien-sûr les risques de contamination mais nous allons nous réunir à nouveau en visio pour en discuter. »

Cependant, pour les professeurs, les problèmes sont loin d’être réglés : « La Région ne nous a pas répondu sur le recrutement de personnel que nous lui demandons depuis des mois. Le protocole sanitaire demande plus de travail aux agents d’entretien et de restauration et ce sont eux qui sont les plus exposés aux risques de contamination par la nature de leurs tâches. »

Les enseignants veulent également des aménagements pour les programmes et les examens. « Concernant les épreuves du bac, une partie d’entre elles sont annulées et remplacées par du contrôle continu. C’est complètement injuste, cela renforce le caractère local du bac », s’insurge Renaud Charasse qui souhaite que les épreuves soient « toutes reportées au mois de juin, ce qui donnera le temps de préparer les élèves et de trouver un plan B si la situation sanitaire ne s’améliore pas d’ici là ».

Les dernières annonces du gouvernement se sont doublées d’un message du ministre de l’Education nationale, envoyé directement dans la boîte mail des enseignants. « Ceci à notre étonnement puisque nous avions pris l’habitude que notre ministre nous parle uniquement via les journaux. Nous avons été réellement émus d’avoir un mail de sa part », confie le professeur.